Homélie du 3ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 19 avril 2020Les disciples d’Emmaüs
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Les textes de ce dimanche nous apportent des témoignages sur la résurrection de Jésus. Nous avons tout d’abord celui de l’apôtre Pierre (1ère lecture). Dans sa vie, il y a eu un changement radical. Nous nous rappelons de sa réponse quand Jésus avait annoncé sa Passion, sa mort et sa résurrection. Il ne supportait pas cette idée. Ça ne correspondait pas à l’idée qu’il se faisait du Messie. Et quand Jésus a été arrêté, il e eu tellement peur pour sa vie qu’il a affirmé ne pas faire partie de son groupe.
Mais au jour de la Pentecôte, tout est changé : les apôtres ont reçu l’Esprit Saint. Désormais, Pierre peut témoigner avec force et courage : “Ce Jésus que vous avez fait mourir sur la croix, Dieu l’a ressuscité.” Sa mort n’est pas un échec. Il est vivant pour toujours ; tout cela était annoncé dans les Écritures, Moïse, les psaumes, les prophètes. Désormais, il faudra relire tout l’Ancien Testament à la lumière de la résurrection de Jésus. Cette bonne nouvelle a été annoncée d’abord au peuple juif, puis très tôt aux païens. Il faut que le monde entier le sache : avec Jésus, la mort n’a pas le dernier mot ; le projet de Dieu débouche sur la vie.
Cet appel de Pierre, nous le retrouvons dans la 2ème lecture : ce Jésus qui est mort et ressuscité est le sauveur de tous les hommes. Ce n’est pas l’or et l’argent qui nous ont rachetés de la conduite superficielle de nos pères ; c’est par le sang précieux de Jésus Christ que nous sommes purifiés ; c’est pour nous et pour la multitude qu’il a offert sa vie et versé son sang. Son amour dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Nous sommes invités à recevoir cette lettre comme un appel à une véritable conversion.
Avec l’Évangile, nous sommes ramenés au troisième jour après la mort de Jésus : deux disciples revenaient de Jérusalem. Ils avaient été témoins de la Passion et de la mort de leur maître. Pour eux, tout était fini. C’était la fin d’une grande espérance. Saint Luc précise que l’un d’eux s’appelait Cléophas ; il ne dit pas le nom du deuxième. Mais si nous relisons cet Évangile dans notre contexte, nous pouvons dire que ce deuxième disciple c’est chacun de nous.
En effet, nous sommes souvent ce disciple marqué par la tristesse et le découragement. C’est ce qui arrive quand nous voyons notre vie de tous les jours comme une défaite : la défaite de l’Évangile pour les chrétiens persécutés, pour les pauvres, les exclus, les victimes, de la maladie, de la violence, des guerres, de l’abandon. En cette période de pandémie, ils sont nombreux ceux et celles qui souffrent de la maladie et de la solitude. Cette défaite c’est aussi quand nous disons qu’au point où nous en sommes, il n’y a plus d’espoir possible.
Mais voilà que, sur ce chemin d’Emmaüs, Jésus s’approche des siens et les rejoint. Ils ne le reconnaissent pas : leurs yeux sont aveuglés par la tristesse et la déception. Le même Christ nous rejoint sur nos routes. Il rejoint notre monde qui souffre de la pandémie du Covid 19. Quand tout va mal, il est là. Mais trop souvent, nous ne le reconnaissons pas car nous sommes ailleurs. Et pourtant, il est toujours là, prêt à nous écouter. Nous pouvons lui crier notre souffrance, notre déception, notre tristesse.
C’est alors qu’il intervient pour nous expliquer les Écritures, Moïse, les prophètes… C’est à cela que nous sommes tous appelés : accueillir le Christ, nous laisser transformer par son Évangile. Saint Luc précise que le cœur des disciples était brulant tandis qu’il leur parlait. C’est ce qui était annoncé par le prophète Isaïe : « …ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » C’est aussi cela que nous pouvons demander au Seigneur : que notre cœur soit rempli de l’amour qui jaillit de son cœur.
Dans cet Évangile, nous découvrons une autre étape : c’est la demande des disciples : « Reste avec nous ! » Une telle rencontre ne peut s’arrêter ainsi. L’Évangile nous parle d’un repas, d’un pain rompu et distribué. Alors leur yeux et ils le reconnaissent. Alors leurs yeux s’ouvrent et ils le reconnaissent. Pour reconnaître le Christ ressuscité, présent dans notre vie, il nous faut le regard de la foi, une foi réchauffée par la Parole de Dieu et l’Eucharistie. C’est ainsi que le Christ ressuscité nous rejoint au cœur de nos vies et de nos épreuves pour raviver et fortifier notre espérance.
Et quand on a reconnu et accueilli le Christ vivant, on ne peut pas le garder pour soi-même ; on a envie de le crier au monde. Même si nous ne pouvons plus sortir, nous sommes appelés pour témoigner, aux yeux de tous, de la foi qui nous anime. Notre témoignage doit rejoindre tous les hommes, en particulier ceux qui sont aux “périphéries”. Que le Seigneur nous donne force et courage en vue de cette mission.
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Sources : Feu Nouveau – Fiches Dominicales – Cahiers de Prions en Église – dossiers personnels…
« Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem… »
Ces deux hommes, tristes et déçus, retournent à leurs champs après un temps passé auprès de leur Maître. Ils attendaient beaucoup de ce ‘Jésus de Nazareth’, « un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. » Ils ont espéré « qu’il serait le libérateur d’Israël ! » Mais tout semble à présent perdu, car « les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. »
Sur cette route d’Emmaüs, dans ces moments de désarrois, pourtant, Jésus était là ! Il cheminait avec eux, mais ils ne Le reconnaissaient pas. Comme le dit saint Augustin : « La Vie marchait avec eux, mais Elle n’était pas encore entrée dans leur cœur. » Il reste absent de leur esprit, plongés qu’ils sont dans la tristesse et le désespoir, fuyant Jérusalem, cette ville où ils avaient rêvé du triomphe de leur Maître. Et il a fallu du temps, ce soir-là, pour que les siens Le reconnaissent vraiment pour ce qu’Il est. « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? »
Cette route d’Emmaüs, c’est un peu comme un bout de chemin de notre vie. C’est la route que toute personne, un jour ou l’autre, devra sillonner. Là où l’on se pose beaucoup de questions sans réponses immédiates. Là où, souvent, on s’attend à tout autre chose qu’à Dieu lui-même… Sur notre chemin vers Dieu, nous marchons tantôt heureux et pleins d’espérances, tantôt accablés et mornes. Mais savons-nous que, auprès de nous, il y a cette présence inconnue qu’il nous faut reconnaître ? Jésus est toujours là, mais pas de la manière dont nous aurions imaginée ! Jésus que nous croyons connaître quand tout marche à merveille, est-il le même que celui que nous rencontrons dans nos afflictions et nos doutes ? La route qu’empruntent les deux disciples du Christ reflète l’image du parcours de notre foi avec tout ce qu’elle véhicule d’espoirs et d’illusions, de bonheurs et de souffrances. Cette page d’Évangile nous rappelle la présence continuelle de Dieu sur nos pas, dans nos inquiétudes comme dans nos espérances. Alors que nous, nous pensons marcher vers notre ‘village’, vers ce qui nous intéresse, Lui, nous conduit bien au-delà de notre espérance, vers le vrai Bonheur.
Jésus nous rejoint sur notre chemin de foi sans que nous l’attendions. Dans nos moments de désolation et d’incertitude, Il vient lui-même nous poser cette question : « De quoi donc pouvez-vous bien parler en chemin ? » Quels sont donc ces attentes et ces doutes qui nous préoccupent tant tout au long de notre vie ? Qu’est-ce qui nous tracasse tant alors qu’à côté de nous, marche quelqu’un qui veut nous apporter son feu et sa chaleur ? Dans ces moments de désarroi, ne nous laissons pas envahir par l’angoisse. N’hésitons pas à nous ouvrir à Dieu. Confions-Lui nos joies, nos peines et notre espérance… Parlons-Lui de nos perplexités et pourquoi pas aussi nos révoltes.
Les fragilités, nous les rencontrons souvent au cours de notre vie. Face à des situations qui nous dépassent, nous nous sentons des fois bien seuls. Nous avons besoin de l’aide ! Ce n’est que lorsque nous reconnaissons notre vulnérabilité que la force de Dieu peut se déployer en nous, peu importe la situation dans laquelle nous nous trouvons. L’expérience de saint Paul nous ouvre un horizon nouveau. La grâce de Dieu lui a donné la capacité de surmonter bien des épreuves. « Le Seigneur m’a dit : ‘Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.’ » (2 Corinthiens 12:9) Venons renouveler nos forces à la Source. Allons à la rencontre de notre ‘Compagnon de route’ pour mieux Le découvrir.
Le Seigneur ressuscité nous rejoint encore aujourd’hui. Puissions-nous avoir, nous aussi, le ‘cœur brûlant’ de le reconnaître et de l’accueillir.
Nguyễn Thế Cường Jacques – Un paroissien de l’église Sainte Claire – Vauréal (95).
Merci à vous deux et à soeur Claire pour votre éclairage sur cet Évangile. Passez une journée bénie.